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L'expert-comptable : allié stratégique des TPE-PME

C’est bien souvent, après le dirigeant, la personne la plus importante de l’entreprise pour toute la gestion financière. De la tenue des comptes, en passant par les déclarations et les bilans, l’expert-comptable est l’interlocuteur privilégié des dirigeants.

Grégoire Cléry

Grégoire CLÉRY • Libeo

Publié le | Mis à jour le

Un rôle de stratège, de conseiller, mais aussi (et surtout) une profonde capacité d’écoute, voilà comment définir ce professionnel du chiffre. Dans ce guide, Libeo passe en revue le rôle, les missions et les enjeux de l’expertise-comptable dans les TPE-PME.

Quel est le rôle de l’expert-comptable ?

On serait tentés de répondre « tenir une comptabilité », mais ce serait enfoncer une porte ouverte. Ce serait aussi réducteur, au vu de toute la diversité de la profession. Si, traditionnellement, l’expert-comptable est « cantonné » à un rôle de gestion des comptes de l’entreprise, seul dans son bureau, il est avant tout le premier allié du dirigeant, présent tout au long des étapes de création d’entreprise.

L’expertise comptable est un secteur d’activité qui donne lieu à de nombreuses idées reçues : le cliché de l’expert-comptable acariâtre, retranché dans son bureau, alignant des colonnes de chiffres sur Excel à longueur de journée, est encore bien ancré dans les esprits.

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Une profession réglementée

Commençons par les bases. L’expert-comptable est une profession réglementée, c’est ce qui la différencie du comptable. Pour devenir expert-comptable, un diplôme supérieur de comptabilité est nécessaire, obtenu à l'issue d'une épreuve écrite.

Une fois son diplôme d'expertise comptable en poche, l'expert-comptable est inscrit au tableau de l'ordre des experts comptables, lui donnant accès

En comptabilité, certaines missions leur sont strictement réservées. À l’inverse, si une entreprise décide d’externaliser sa comptabilité, elle est tenue de s’adresser à un expert-comptable.

Dans l’exercice de sa mission, ce professionnel du chiffre est soumis à des obligations déontologiques et des normes professionnelles. Inscrit au tableau de l’Ordre des Experts-Comptables, il est régulièrement contrôlé dans son activité, et doit répondre de ses actes.

Contrairement aux idées reçues (décidément !), le recours à un expert-comptable n’est pas l’apanage des grands groupes et des PME très pleines croissantes. Toutes les entreprises, de la TPE à la start-up, peuvent faire appel à ses services. C’est même vivement conseillé, ne serait-ce que par souci de conformité. Et ce, à chaque étape de la vie de l’entreprise : création, développement, transmission, liquidation, etc.

Les missions de l’expert-comptable

Ce que l’on oublie souvent, c’est qu’à l’instar d’un conseiller en gestion de patrimoine, l’expert-comptable est avant tout un conseiller. Sa mission première consiste à analyser les besoins et les attentes de ses clients, pour mettre en place une gouvernance financière adaptée. S’il peut intervenir de façon ponctuelle, lors de la période fiscale notamment, les dirigeants d’entreprise font régulièrement appel à ses services pour des questions de :

  • Conseil en investissements et placements financiers ;
  • Contrôle de gestion
  • Droit social ;
  • Droit fiscal ;
  • Stratégie de développement ;
  • Gestion de patrimoine ;
  • Souscription de crédit-bail

Pour résumer, loin de se limiter à la tenue des comptes des entreprises, le rôle de l’expert-comptable est pluriel. S’il n’est pas décisionnaire, son rôle d’auditeur et de conseiller oriente les décisions du chef d’entreprise, sur les questions liées à la comptabilité, mais également fiscales, juridiques et commerciales. L’objectif est d’amener le dirigeant à faire des choix avisés : ambitieux, mais réalistes.

Les missions de l'expert-comptable accessibles avec le DEC

Source : experts-comptables.fr

TPE-PME : dans quelle mesure faire appel à un expert-comptable ?

Pour les sociétés (SAS, SASU, SARL, EURL…) ou les entreprises individuelles (EI, EIRL) : il est généralement conseillé de faire appel à un expertcomptable pour tenir la comptabilité et procéder aux formalités d’approbation et de dépôt des comptes annuels.

En temps de crise, pour éviter de prendre de mauvaises décisions, et garder le cap sur ses objectifs, les conseils de l’expert-comptable sont des outils précieux.

La création d’entreprise

Créer son entreprise n’est jamais simple. Outre les formalités administratives et les problématiques de ressources humaines et matérielles, il faut compter les démarches juridiques, la rédaction des statuts, des annonces légales, etc. Sans parler du business plan, de la stratégie financière, qui fait intervenir des ratios financiers.

C’est pourquoi beaucoup d’entreprises choisissent de faire appel à un expert-comptable pour la création d’entreprise.

  • Le choix du statut juridique de l’entreprise : SAS, SASU, SARL, EURL, etc. ;
  • celui du dirigeant : salarié ou non ;
  • Le choix du régime d’imposition : micro, régime simplifié ou régime réel ;
  • les demandes de financement auprès des établissements bancaires.

Lorsqu’une entreprise recherche des financements pour son développement, elle peut confier ses recherches et le montage des dossiers à l’expert-comptable. Ce dernier va alors établir les bilans financiers de l’entreprise, démarcher les banques, etc.

La reprise d’entreprise

La reprise d’entreprise est une opération qui fait intervenir trois cadres : juridique, fiscal et social. Loin d’être simple, cette procédure requiert la maîtrise d’un certain panel de compétences, diverses et variées. Les démarches sont complexes, impliquent de longues heures de négociation, des phases d’analyse (les « dues diligences »), etc. D’où l’intérêt de faire appel à un expert-comptable.

Lors d’une procédure de reprise d’entreprise, la mission de l’expert-comptable consiste à :

  • Conseiller sur les points clés de la reprise, le périmètre d’investissement, le prix de rachat et la mise en place du business plan.
  • Démarcher, depuis son réseau professionnel, les entreprises vers qui diffuser l’offre, vous aider à les trier.
  • Rédiger la lettre d’intention et le compromis de vente (une fois ce dernier arrêté).
  • Réaliser les dues diligences, le bilan et compte de clôture.
  • Établir l’ingénierie juridique et fiscale de l’entreprise, et le prévisionnel financier.
  • Valider la signature de l’acte de cession, des formalités administratives

La tenue des comptes

C’est la mission « de fond » de l’expert-comptable : tenir à jour la comptabilité de l’entreprise, dans les livres prévus à cet effet. Ce qui sous-entend :

  • Enregistrer toutes les pièces comptables: factures d’achat ou de vente, reçus, quittances, notes de frais ;
  • Saisir les écritures comptables des mouvements bancaires et financiers de l’entreprise ;
  • Effectuer le rapprochement bancaire ;
  • Inscrire les acquisitions et immobilisations au bilan ;
  • Justifier de l’utilisation des fonds de l’entreprise et attester des opérations comptables (achat, paiement des salaires, vente de biens ou services…) ;
  • Gérer les factures des fournisseurs et des clients.

En revanche, l'expert comptable n'est pas habilité à réaliser des audits légaux. Seul le commissaire aux comptes y est autorisé.

La tenue comptable n’est pas la mission la plus complexe en entreprise. Mais elle demande beaucoup de rigueur et implique la collecte et l’émission systématique des pièces justificatives. Une exactitude que les dirigeants d’entreprise, qui endossent souvent la casquette de comptable après leur journée de travail, n’ont pas toujours en réserve. Surtout s’ils se mettent à leur comptabilité le week-end ou après 19 h en semaine, comme c’est le cas dans plus de la moitié des TPE en France.

Pourtant, en cas d’audit comptable ou de contrôle fiscal, ce sont les pièces comptables qu’on examine en premier. D’où l’intérêt de confier cette tâche à un professionnel.

Les obligations déclaratives

Il s’agit ici de toutes les démarches relatives aux impôts et taxes que doit payer l’entreprise :

  • Impôt sur le revenu OU impôt sur les sociétés ;
  • Cotisation Foncière des Entreprises (CFE) ;
  • Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises (CVAE) ;
  • Déclaration de TVA

La nature et la périodicité des formalités administratives et fiscales dépendent du régime d’imposition de l’entreprise. Plus l’entreprise génère de chiffres d’affaires, plus ses obligations comptables augmentent, et sa liasse fiscale devient importante.

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Aider les entreprises en difficulté

La détermination de l’état de cessation des paiements

En tant que professionnel réglementé, l’expert-comptable est habilité à intervenir auprès des entreprises en difficulté. À cet égard, son rôle sera déterminant, tant dans la phase de prévention, que dans celle de traitement judiciaire des difficultés de l’entreprise.

Pour accompagner au mieux les entreprises, l’expert-comptable doit commencer par s’assurer que l’état de cessation des paiements est bien caractérisé. C’est le cas lorsque l’actif disponible d’une entreprise est insuffisant par rapport à son passif exigible. Une notion de trésorerie devant être appréciée à un instant T.

Pour apprécier l’état de cessation des paiements, il faut donc confronter ces deux données. Un travail minutieux que l’expert-comptable est à même d’accomplir, avec l’aide de l’avocat de l’entreprise. La présence de l’avocat est en effet nécessaire pour analyser juridiquement les créances ou les dettes. Il s’agit de définir lesquelles seront intégrées dans le calcul de l’état de cessation des paiements.

Si l’état de cessation des paiements est caractérisé, l’entreprise pourra se diriger soit vers une procédure préventive, soit vers une procédure collective. Là encore, l’aide de l’expert-comptable est précieuse pour mettre en place la meilleure solution.

Le mandat ah hoc et la conciliation

En cas de difficultés, l’entreprise peut choisir de mettre en place une procédure préventive. Volontaires et confidentielles, ces procédures visent à éviter une liquidation judiciaire, en procédant à l’amiable. Il en existe deux : le mandat ad hoc, et la conciliation. Toutes deux sont conduites sous la supervision d’un mandataire de justice. Mais c’est l’expert-comptable qui établit et analyse l’ensemble de la documentation financière destinée à déterminer les besoins réels de l’entreprise.

Les procédures collectives

Il s’agit des trois procédures judiciaires reconnues par le droit français :

  • la sauvegarde pour les entreprises qui ne sont pas en état de cessation des paiements ;
  • le redressement judiciaire si l’état de cessation est caractérisé ;
  • la liquidation judiciaire.

Lors d’une procédure collective, le débiteur devra faire la preuve qu’il est en capacité de se redresser et de financer sa poursuite d’activité une fois la procédure ouverte. Pour cela, il bénéficie d’une période d’observation, d’une durée maximale d’un an, durant laquelle il doit tout mettre en œuvre pour recouvrer une trésorerie confortable. C’est là qu’intervient l’expert-comptable. C’est lui qui va accompagner l’entreprise dans sa démarche de restructuration financière.

À tous les stades de la procédure, y compris en cas d’arrêté d’un plan de cession, l’expert-comptable jouera un rôle de premier plan.

Les critères pour choisir son expert-comptable

En tant que dirigeant(e), le choix de votre futur(e) expert(e) — comptable est décisif pour le développement de l’entreprise. Ce sera votre interlocuteur (trice) dédié(e) pour toutes les missions et étapes suscitées. Avant de vous lancer dans vos recherches, prenez le temps de dégager vos besoins et vos attentes :

  • Quelle est la taille de votre entreprise ? Ses perspectives de développement en ressources humaines ?
  • Quel est votre secteur d’activité ?
  • Quels sont vos objectifs financiers ? Ses besoins en liquidités ? En matière de rentabilité ? De développement ?

Selon vos besoins, vous saurez s’il est plus intéressant pour vous d’externaliser votre comptabilité ou de recruter un expert-comptable ou un Directeur administratif et Financier (DAF) en interne.

De plus, certains cabinets d’experts-comptables ont choisi de se spécialiser. Certains se spécialisent des grands comptes, d’autres au contraire choisissent de travailler avec les petites structures, type TPE-PME. En effet, les problématiques rencontrées ne sont pas les mêmes selon la taille et le statut de l’entreprise. Il faut prendre en compte des éléments liés à la fiscalité, au droit social, au droit du travail ou encore au statut du dirigeant.

Choisissez un expert-comptable qui est adapté à votre entreprise et à vos perspectives de croissances.

De même, certains experts-comptables se spécialisent dans un secteur d’activité. Ils sont ainsi très au fait de la réglementation en vigueur et communiquent ainsi les actualités à leurs clients. Si possible, choisissez un cabinet qui connaît votre secteur d’activité.

« Moins comptable, et plus expert » : vers une ubérisation de la profession comptable ?

Remettre l’expertise au cœur de la profession, c’est vraisemblablement ce vers quoi tend le métier d’expert-comptable, conséquence de la transformation digitale du secteur. Longtemps considérée comme un mythe, l’ubérisation du métier d’expert-comptable est pourtant bien réelle. Comme beaucoup avant lui, le secteur de l’expertise s’est heurté au mur du digital, et les transformations qui l’accompagnent. Un changement qui a impacté en profondeur les habitudes et les attentes des clients. Et contraint les entreprises à s’adapter, pour répondre à ces nouveaux besoins :

  • Échanges dématérialisés ;
  • Gestion électronique des documents (GED) ;
  • Meilleure visibilité et transparence sur la gestion des comptes ;
  • Automatisation des processus à faible valeur ajoutée ;
  • Audit et bilan en ligne ;

Pour les experts-comptables, la transformation digitale a du bon : avec le développement du Cloud et du Big Data, toutes les tâches à faible valeur ajoutée sont automatisées, afin de dégager du temps et remettre la fonction du conseil au cœur de la profession. Les entreprises adoptent de plus en plus de solutions digitales pour les tâches à faible valeur ajoutée, comme le traitement des factures fournisseurs par exemple.

Lire aussi : 5 raisons de passer par un expert-comptable en ligne

Entreprises individuelles, professions libérales : le recours à un expert-comptable est-il obligatoire ?

Les Travailleurs Non Salariés (TNS) qui exercent sous le régime de la micro-entreprise ou relevant des professions libérales gèrent elles-mêmes toute leur comptabilité. Si rien n’oblige les TNS à faire appel aux services d’un professionnel du chiffre pour leur comptabilité, cela reste vivement conseillé. Surtout pour les entreprises qui relèvent du régime réel normal, beaucoup plus contraignant sur le plan comptable.

Dans les cas des micro-entrepreneurs, recourir à un expert-comptable peut aider si vous exercez une activité salariée en parallèle. Pour gagner du temps d’une part, mais également pour des questions de législation.

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